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Les vacances des uns et des autres…

Vacances populaires…

En 1936 le Front Populaire instaure les congés payés. C’est le début des premières vacances pour toute une part de la population française. Dès lors, on prend la voiture familiale (ou les vélos) et on pique-nique sur les bords de la Marne (ou de la Sauldre!), on découvre la mer pour la première fois, on fait du camping sauvage à la campagne… Le tourisme familial se développe partout et il faut profiter un maximum des jours repos instaurés par la loi du 20 juin 1936. Pensez donc : 2 semaines de liberté !

… Et vacances mondaines

Cette nouvelle forme de villégiature est bien différente de celle qui prend tout son essor au XIXème siècle. À cette époque, la « maison de campagne » qu’on part visiter de temps en temps est un lieu qui permet à la fois d’asseoir son statut social ; d’exercer une administration terrienne et agricole (on va aller vérifier si le gestionnaire et les fermiers ont bien travaillé) ; et enfin un lieu de plaisir où l’on reçoit ses amis, sa famille… Quand on quitte la ville, on annonce par voie de presse où et quand M. & Mme passeront leur été …et si c’est au château, c’est encore mieux !

Deux visions différentes d’un temps libre, bien retranscrites par ces cartes postales éditées à la Ferté Imbault et ces annonces mondaines….

 

 

Le b.a.-ba du B.A

À l’heure des grandes vacances d’été et des migrations de voyageurs à travers la France … Faisons un petit retour en arrière de 120 ans exactement, pour évoquer – déjà ! – les problèmes du chemin de fer…
Ici, ceux de la toute nouvelle ligne du Blanc à Argent/Sauldre, (B.A pour nos contemporains) alors inaugurée depuis peu (D’ailleurs nous parlons de la ligne du BA et de la gare ici).

Cet article de la Dépêche du Berry , écrit en décembre 1902, n’est pas très élogieux :

«  … le tout est d’apprendre l’horaire par cœur … De plus l’horaire en question est établi de telle façon qu’aux bifurcations on rate toutes les correspondances qu’on veut et l’on attend des heures entières … »

« … trains aussi rares que les beaux jours … »

« … l’infortuné voyageur n’a guère que la ressource d’attendre en des gares lointaines des trains problématiques qui ne correspondent pas … »

Ainsi vont les petits trains de Sologne et leurs lignes, que notre journaliste n’hésite pas à comparer à d’autres bien plus lointaines :

« … moins bien partagées que les lignes algériennes … moins bien que les chemins de fer de la Corse, moins bien même que la ligne du Sénégal ou que celle de l’île de La Réunion … »

Il faut croire que les débuts du B.A ne se sont donc pas faits sous les meilleures auspices puisque le 3 janvier 1902, le train déraillait déjà entre Salbris et la Ferté-Imbault, la machine couchée sur le ballast. Pas de blessés, mais sûrement quelques frayeurs pour les voyageurs !

On ne fera pas ici de mauvais procès au B.A qui, s’il ne vous emmène plus au Blanc au départ de la Ferté, vous permettra néanmoins de faire un joli parcours en Sologne…


Sources : La Croix http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb/3436311418

La Dépêche du Berry : https://www.retronews.fr/journal/la-depeche-du-berry/11-decembre-1902/693/2189749/2

A voté ! Élections & évictions !

Les élections politiques sont souvent le théâtre de discussions franches et de débats houleux. Alors quand on ajoute un curé râleur et une ancestrale querelle de clochers dans l’équation, forcément ça fait du grabuge.

Les élections de 1848

Suite au mouvement populaire de février 1848, la IIème République est proclamée et un gouvernement provisoire est mis en place.
Des élections législatives, au suffrage universel masculin, suivent les 23 et 24 avril de la même année.

Bulletin de vote de 1848. Collection du musée Carnavalet, Paris.

À cette époque, La Ferté-Imbault n’était plus qu’une section de la commune de Selles-Saint-Denis et les oppositions, tant personnelles que politiques, faisaient rage entre les deux villages.

Bulletin dans l’urne et curé hors de chez lui

Ainsi, l’abbé Bommer, desservant de la paroisse fertoise, raconte que le samedi 22 avril 1848, le maire du bourg de Selles-Saint-Denis à la tête d’une compagnie de 30 ou 40 hommes, marche sur la Ferté et se rend au presbytère pour y déloger manu militari notre bon curé, qui trouve alors refuge chez des amis dans leur propriété du Chesne.

Le lendemain, remis de son expulsion, il se rend à Romorantin, au sous-commissariat, afin de se faire rendre justice. Il fait le compte-rendu de son entretien dans un courrier écrit à l’évêché de Blois :

« Hier, jour de Pâques, je suis allé trouver le sous-commissaire à Romorantin avec 15 de mes paroissiens pour lui demander : si réellement il avait donné des ordres semblables à M. le maire, et pour quels motifs = il nous a répondu qu’il n’avait point donné d’ordre = il ne connaissait point le véritable motif de cette conduite = et que, lui, sous-commissaire, allait venir dans la localité pour faire une enquête sur les faits dont m’accuse le maire = il nous en donne connaissance et dresse procès-verbal de nos réponses et des faits passés en présence du garde champêtre de la commune qui signe avec nous = je pense que M. le sous-commissaire en informera Votre Grandeur.»

Il y précise également les griefs invoqués par le Maire pour justifier son éviction mouvementée :

« On m’accuse d’avoir trempé dans les élections, c’est-à-dire d’avoir distribué quelques bulletins = c’est vrai = d’avoir raturé sur ces mêmes bulletins des noms = c’est faux = les quelques bulletins distribués par moi m’ont été donnés raturés = d’avoir écrit partout le nom de Pétigny, Chalais, [ Perigou ], Normant, Durand, Leroy, Salvat = c’est vrai pour 3 bulletins = j’ai dit à M. le sous commissaire que je ne me rappelais pas bien le nombre ; mais que j’étais sûr de n’en avoir pas écrit plus de dix = d’en avoir échangé = ce qui est vrai pour un en présence de plus de 10 personnes = d’avoir dit : que M. le commissaire était un homme de sang = ce qui est faux = voilà tout ce dont m’a accusé M. le sous commissaire = je ne crois pas que ce soient les véritables motifs de cette violente expulsion = je crois plutôt que c’est une vengeance purement personnelle… »

À la lecture de ce courrier, on pourrait se demander si l’abbé Bommer ne fait pas preuve d’un peu de mauvaise foi ? Un comble pour un curé…

Bien que n’étant pas seul dans cette « affaire » qui remua la vie locale, ces petits errements politiques ont bien failli coûter son poste de desservant à notre abbé !

Après bien des vicissitudes, il a pu maintenir son sacerdoce à La Ferté.
Et ce pendant de très longues années …


Quelques précisions

Suffrage universel pour les hommes d’au moins 21 ans, vote au chef-lieu de canton, c’est à dire Salbris.
La loi électorale du 15 mars 1849 exclut que le bulletin de vote soit rempli dans le bureau de vote : c’est à partir de ce moment que les candidats commencent à faire imprimer leurs bulletins.

Jour de fête – Les foires à La Ferté

Le titre de cet article rappellera peut-être à certains ou aux cinéphiles avertis le très burlesque film de Jacques Tati, tourné à Ste Sévère-sur-Indre dans le Berry voisin…

Jours de fête au village bien sûr !

Selon les saisons et les circonstances, que ce soient foires, assemblées ou autres louées, ces fêtes campagnardes ont toujours été un facteur de cohésion sociale. Qu’on vienne se détendre un peu en participant à des jeux bon enfant, vendre ses poulets ou ses cochons ou encore s’engager pour des travaux agricoles ou forestiers *, ces jours marquent le pas dans un quotidien parfois bien morne et surtout très occupé !

Des foires historiques

Les premières foires mentionnées dans la chronique de La Ferté-Imbault remontaient au XIIe siècle à l’époque où la seigneurie était encore toute jeune. La tenue des grands marchés était alors un privilège commercial important qui montrait l’importance d’un bourg dans une région.

On sait qu’en 1448, il y avait une foire de l’Ascension (autour de mai) au village.

Avant la Révolution, LFI comptait 3 foires :  le second jeudi de Carême (en mars-avril) avec la « Foire des Besaces », le 22 juillet et enfin le 6 décembre, fête de St Nicolas (liée possiblement à l’église St Nicolas autrefois érigée près de la ruelle qui porte aujourd’hui encore son nom).

En 1807, il est déjà fait également mention d’une fête patronale dont la tenue sera autorisée, à perpétuité ! par un arrêté préfectoral en septembre 1853, le dimanche, 11 août, ou dimanche suivant cette date, jour de célébration de St Taurin, saint patron de la commune.

C’est là aussi l’occasion pour notre curé de faire rentrer au bercail les brebis égarées, et dans une fin 19ème marquée par des incertitudes politico/religieuses de montrer un peu son autorité et de souligner la particularité du village en honorant un saint qui n’est pas celui du voisin (St Genoulph à Selles-Saint-Denis), dont on voudrait se séparer …

Carte scolaire, éditions Rossignol

Les fêtes se font plus rares aujourd’hui, le modernisme, une offre culturelle accrue et la pandémie actuelle sont passés par là. En attendant celle, renouvelée, du mois de mai et déplacée cette année en septembre, bonnes fêtes d’été à tous !

Un précurseur de la pêche au village

En avril dernier, nous évoquions la célébrité de M. Spoke dans le monde cycliste au tournant du XXe siècle. Saviez-vous que M. Louis Bouglé (frère de Camille Bouglé, propriétaire du château) était un précurseur dans une autre discipline sportive ?

Passionné de pêche et de concours de lancer un peu partout en Europe, il fut celui qui introduisit la pêche à la mouche « à l’américaine » en France. Il s’associa bientôt avec la firme britannique Hardy, spécialisée depuis 1872 dans le matériel de pêche.

En 1903, il mit au point un nouveau moulinet pour la pêche à la mouche qui porte son nom : Bouglé Fly Reel. Ce dernier fera les beaux jours de l’entreprise pendant 40 ans environ.

Aujourd’hui encore, l’appellation Hardy-Bouglé est très réputée. Son matériel est toujours très recherché, si l’on en juge par les tarifs pratiqués sur des sites marchands bien connus des internautes (Ebay pour ne citer que celui-ci…)

Le Printemps des Cimetières

Au même titre que les châteaux, églises, vieux papiers et ouvrages d’art divers, le cimetière est un « objet de patrimoine » qui concentre la mémoire des Hommes et des communes.

À l’occasion de l’édition 2021 du Printemps des Cimetières (manifestation nationale), l’Association Les Lanturelus vous propose donc de redécouvrir ce lieu fertois particulier. Au programme :  une exposition de photos, un historique du village et pas mal d’explications sur les sépultures, de leurs occupants aux liens avec les petites et grandes histoires du village.


Informations :

Gratuit – Samedi 22 et dimanche 23 mai – 14h30-18h

M. Spoke et le vélo à la Ferté

Louis Bouglé à vélo [catalogue de ventes Pousse-Cornet]
En 1905, M. Ernest Camille Bouglé, ancien officier d’infanterie originaire d’une famille d’Orléans, est propriétaire du château de La Ferté-Imbault.

Si ce dernier évoque peut-être des souvenirs dans les mémoires fertoises, combien savent qu’un de ses frères, Louis Alexandre Bouglé, s’est fait connaître pour ses talents de cycliste puis de journaliste sportif ? Et qu’il fut également le représentant d’une grande marque anglaise de chaînes de vélo pour la France ?

Petite découverte…

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L’Histoire au pied des murs à La Ferté

À la Ferté-Imbault, on ne fait pas les choses à moitié… Nous avons deux châteaux entourés de murailles ? Eh bien nous voilà avec deux murs de châteaux partiellement effondrés !

Comme vous pouvez le voir sur les photographies d’illustration, les enceintes du château de La Place  et de celui du Maréchal d’Étampes se sont en partie écroulées. Outre les dégâts impressionnants, l’intervalle entre les deux destructions est lui aussi notable : les deux pans de murs sont tombés en l’espace de seulement quelques jours.

mur brisé de La Ferté Imbault
Le mur du château de La Ferté-Imbault. Plusieurs portions du mur sur la route de Salbris s’étaient déjà effondrées auparavant.
Des constructions fragiles

Point de complot ou de « manigances » (comme on dit en patois) dans ce double événement tragique pour le patrimoine fertois. Le responsable de ces démolitions semble être… Le gel ! En effet, les très basses températures des jours derniers peuvent faire bouger les terrains et même abîmer directement les structures. Les murs de La Place et de La Ferté étant déjà anciens et plus ou moins dégradés, les éboulements sont une conséquence relativement normale des vagues de froid.

Rappelons également que la brique et la briquette qui font le charme de la Sologne  restent des matériaux fragiles car elles nécessitent un entretien des plus attentifs. Dès qu’un joint n’est plus plus parfait, l’argile cuite se retrouve exposée aux éléments et a tendance à s’effriter. Si on ne fait rien, ce sont les briques mitoyennes puis finalement tout le mur qui se retrouvent comme rongés… Et qui deviennent encore plus sujets aux aléas météorologiques.

Le mur du Chateau et Domaine de la Place

Une Histoire en péril

Quoiqu’il en soit, ces pans de murs tombés ne sont pas que des catastrophes cosmétiques qui vont modifier les paysages aux entrées nord et est du village : ce sont de véritables pans d’Histoire liés aux « grands » et « petits » personnages de La Ferté-Imbault. L’enceinte du château de La Ferté-Imbault évoque ainsi le renouveau de la seigneurie fertoise à l’époque de Jacques d’Estampes. La muraille de La Place raconte aussi bien les Anglais que les personnes qui ont travaillé dans l’ancien moulin, la ferme ou la briqueterie de ce domaine.

Consciente de cet héritage, notre Association suivra autant que possible les travaux de déblaiement de ces murs et espère que les propriétaires privés des deux châteaux fertois engageront des restaurations de ces monuments. Nous sommes déjà en train de perdre les anciennes Vannes et leur histoire, il serait triste de se priver d’autres témoins du passé de notre village.