Jacques d’Estampes

es d’Estampes sont une famille bourgeoise installée à Salbris qui obtient ses titres de noblesse dès le XIVe siècle en achetant des charges honorifiques – Jean d’Estampes fut garde des joyaux de Jean duc de Berry – en s’illustrant militairement et en réalisant des mariages avec des maisons prestigieuses. En 1448, ils obtiennent de Catherine de Montmorency la totalité de la seigneurie de La Ferté-Imbault. Celle-ci devient une de leur plus importantes possessions.

Jacques d’Estampes

 Fils de Claude d’Estampes et de Jeanne de Hautemer, Jacques  d’Estampes  naît  en  1590 dans le château de Mauny en Normandie. Après le décès de son père en 1592, il est élevé par sa mère avec son frère cadet et ses trois sœurs aînées à qui il rachète les droits de succession de la seigneurie. Il devient donc baron de La Ferté-Imbault et de Mauny en 1606. Quatre ans plus tard,  âgé de 20 ans, il épouse une fille de haute noblesse, Catherine-Blanche  de Choiseul-Praslin de neuf ans sa cadette. Élevée jusqu’à sa majorité par sa belle-mère, elle donnera plusieurs enfants au seigneur de La Ferté.

Jacques d'EstampesL’année  1610  voit  également  le début  d’une  carrière militaire  prestigieuse :  d’abord  mestre  de  camp  de cavalerie,  il  devient  sous-lieutenant  en  1620  puis,  en 1626,  capitaine-lieutenant  des  200  gendarmes  de son ami Gaston d’Orléans, frère cadet de Louis XIII. Il devient également chambellan de ce prince.

Attaché à ses possessions solognotes,  le seigneur de La Ferté-Imbault continue l’œuvre de sa mère, en terminant les campagnes de restauration de son château détruit en 1562 pendant les guerres de religion : le nouvel édifice en briques est beaucoup moins austère et bien plus moderne. Les deux ailes Renaissance abritent alors la compagnie de cavalerie qu’il dirige. Le château a désormais son aspect quasi définitif. À partir de 1626, c’est la reconstruction de la vieille collégiale qui est débutée. Principal lieu de culte de la seigneurie, elle a aussi été ruinée par les armées protestantes. L’église Saint-Taurin est rebâtie en 1628, Jacques d’Estampes y a fait ajouter une chapelle pour son usage privé : la chapelle Notre-Dame du Rosaire de Saint-Taurin.

Lorsqu’il ne s’occupe pas des affaires de son domaine, il s’illustre sur les champs de bataille : il participe à la prise de la Rochelle en 1628, à la campagne de Piémont en 1630 et aux combats à Avein (1635) et Corbie (1636).

Au  début  des  années  1640,  Jacques  d’Estampes  est nommé  ambassadeur  en  Angleterre. Le baron de La Ferté-Imbault ne comprend pas cette décision qui l’écarte de ses troupes alors qu’il est réputé pour ses talents militaires. C’est en fait sa mansuétude envers les protestants qui motive ce choix. La  mission diplomatique est dans le même temps un prétexte : celui qui se fait connaître par les nobles anglais comme « Monsieur de La Ferté » doit en fait recruter des Écossais pour les armées de France. Peut-être en souvenir de l’ancienne alliance – la Auld Alliance – entre la France et l’Écosse, 6000 Écossais sont placés sous les ordres du seigneur français. Il est alors nommé Général de la Nation Écossaise  par le jeune roi Louis XIV.

En 1645, il est fait lieutenant général des armées du Roi. Ses  nombreux  faits  d’armes, notamment  pendant  les campagnes  contre  les  Protestants,  lui  permettent d’obtenir le bâton de  maréchal de France en 1651. La même année, la baronnie de La Ferté-Imbault est élevée au titre de marquisat.

Il espère pendant un temps transformer ce marquisat en duché mais tait rapidement ses prétentions, probablement en raison des affaires de son fils François. Il devient toutefois chevalier des Ordres du roi en 1661.

Jacques  d’Estampes  meurt  en  1668  dans son domaine de Mauny.  Son  cœur  est  ramené  dans  la chapelle Saint-Taurin de La Ferté-Imbault à la demande de sa femme. Catherine-Blanche fait déposer son propre cœur dans la même sépulture lorsqu’elle décède 5 ans plus tard.

Illustration : LUGARDON Jean-Leonard, Jacques d’Estampes, marquis de La Ferté-Imbault et de Mauny, gravure, 1835.

Certaines informations sont issues de l’exposition « Regards sur La Ferté » : voir les sources.