Jean-Léon Bommer

n ne peut évoquer la mémoire de notre village sans parler de celui qui contribua à faire de La Ferté-Imbault ce qu’elle est devenue en cette 2ème moitié du XIXe siècle : Jean-Léon Bommer, curé de La Ferté-Imbault.

Jean-Léon Bommer est né le 10 novembre 1819 à Semur-en-Vallon, dans le département de la Sarthe. Il embrasse la religion et obtient à la fin de son séminaire la cure de La Ferté-Imbault en 1843. Si le village est ancien , la paroisse est toute jeune : c’est l’évêque de Blois qui l’a établie en 1841, peut-être pour empêcher les Fertois de suivre l’exemple de leur châtelains, anglais et protestants. Le jeune prêtre arrive au village avec ses parents et son frère.

Symbole de l’influence selloise fléchissante sur La Ferté-Imbault – c’est l’absence de paroisse qui avait motivé l’Administration dans le choix de Selles-Saint-Denis comme commune – l’abbé Bommer bénéficie aussi du prestige attaché à une charge qui en fait un homme cultivé, à qui l’on vient demander conseil. Il devient très vite une figure incontournable du bourg et s’attache à aider du mieux qu’il peut ses paroissiens. Il est ainsi à l’origine d’une institution de charité : la Société de secours mutuel de Saint-Thaurin de La Ferté-Imbault. 

Il est de toutes les luttes qui opposent ses paroissiens au château et à ses propriétaires successifs, à la mairie et à l’administration de l’époque en général. À travers une correspondance très riche, il noue de nombreux contacts (évêque, préfet) qu’il tente de sensibiliser au sort du village. Parmi ses combats,  il y a l’indépendance du village d’avec Selles-Saint-Denis : allié aux notables de La Ferté-Imbault, il suit l’affaire de près d’autant plus qu’il a eu lui même quelques déboires avec les officiers municipaux. Il se souvient notamment des jours où la commune a voulu l’interdire de messes et quand il a défendu avec ses concitoyens la cloche de la vieille collégiale devant être déplacée à l’église Saint-Denis.

Jean-Léon Bommer

Son énergie débordante et sa ténacité auront souvent raison des difficultés qui jalonnent son existence et celle de ses paroissiens. Lorsque vers 1858 les ponts de l’île Saint-Taurin doivent être reconstruits, il fait travailler les hommes du village et agit en véritable chef de chantier. Quand les fonds viennent à manquer, il n’hésite pas à aller à la rencontre de Napoléon III, de passage en Sologne : l’Empereur lui donnera 500F -une assez belle somme pour l’époque – pour les travaux engagés dans le village.

Le 18 juin 1860, La Ferté-Imbault est érigée en commune. Cette victoire n’est pas si bénéfique pour le prêtre : la commune veut moderniser le bourg mais manque cruellement de moyens. Dès le début des années 60, on parle de détruire la vieille église Saint-Taurin pour en construire une plus neuve à l’entrée du village. L’abbé Bommer milite pour la restauration de l’ancienne collégiale. Il a beau être la véritable éminence grise du village – s’il n’est pas  membre du nouveau Conseil municipal, il semble néanmoins y avoir une certaine influence  – Saint-Taurin est détruite en 1868. Petite consolation, il a fait sauver la chapelle construite pour Jacques d’Estampes en 1628. Cette dernière est quelque peu réaménagée pour accueillir les offices.

Au début des années 1870, le nouveau maire de la commune est le châtelain Auguste Fresson. Candidat plusieurs fois malheureux au poste de plus haut magistrat de La Ferté, sa volonté de diriger entre en conflit avec le caractère décidé du curé. Pendant plusieurs années les deux hommes s’affronteront notamment sur le terrain de l’éducation, Fresson ne souhaitant pas investir pour la mise aux normes des classes existantes et ne reconnaissant pas l’école privée tenue et subventionnée par l’abbé Bommer.

Témoin (plus que) privilégié de tous ces changements et de toutes ces luttes, Jean-Léon Bommer se lance -au moins à partir de 1894 – dans un travail de chroniqueur. Il recopie sa correspondance, celles des maires et des notables et reproduit les délibérations des Conseils municipaux de Selles-Saint-Denis et de La Ferté-Imbault. Parallèlement, l’abbé Bommer se fait historien : il effectue de nombreuses recherches entre autres aux Archives de municipales de Selles-Saint-Denis et aux Archives de Loir-et-Cher. Les résultats de ces investigations sont publiées dans une Notice sur la Collégiale, châtellenie et baronnie de La Ferté-Imbault. La diffusion de ce tout premier historique du village n’est pourtant pas importante ce qui explique pourquoi le prêtre est peu connu aujourd’hui.

Jean-Léon Bommer meurt en 1902 à La Ferté-Imbault et est enterré au cimetière municipal, là où reposent ses parents.

La Ferté Imbault,
4 août 1848

Je suis de caractère à ne jamais transiger avec ma conscience, aussi, je ne regretterai jamais la conduite que j’ai tenue jusqu’à ce jour.
Agréez, Monsieur le Grand Vicaire, les sentiments respectueux de votre très humble et très obéissant serviteur.

J.-L. Bommer, curé de La Ferté Imbault.

 

Illustration : photo X, colorisée par Les Lanturelus

Certaines informations sont issues de l’exposition « Regards sur La Ferté » : voir les sources.

Jean-Léon Bommer