Prieuré & maisons des chanoines

 

On ne peut évoquer le prieuré et les maisons des chanoines sans mentionner la collégiale St Taurin (dans l’île) car leur histoire est intimement liée.

Si on ne peut dater précisément la construction de l’église, certaines sources la considèrent contemporaine d’Humbault le Tortu, supposé fondateur de La Ferté Imbault au Xème siècle. Dès 10321 des documents font état de la présence d’un chapitre collégial dans l’île.

L’église abrite une communauté (qu’on appelle collège) de 8 chanoines séculiers2 propriétaires de toute l’île3, plus étendue à l’époque qu’aujourd’hui. A la tête de cette communauté, le prieur, chef spirituel pour la congrégation et la population du bourg. La liste ci-dessous n’est pas exhaustive, certaines appellations sont équivoques sur le statut de plusieurs clercs :

Fournier Foulques, chanoine et prieur de St Taurin     13805

Fournier Jacques-Pierre Foulques, chanoine et prieur de St Taurin 14026

Julien Bernard, prieur-curé     1498

Begue Jehan, prieur-curé       1568

Chalumeau, vicaire

Romigny, chanoine

Joubert, chanoine                1667

Chicasseau, chanoine

Simonnet, chanoine

Duchesne, chanoine

Dusilla, prieur-curé

Fresnay de Favoet André (du), chanoine    16857

Colas Pierre, sieur de la chapelle    16928

Hubert, chanoine     1709

Bouret, chanoine    *-17199

Boisgueret (de), prieur-curé    *-1724

Devillers, prieur-curé     1724-1737

Billot, chanoine    1737

Sterlin, prieur-curé

Thomas Claude, chanoine     1742

Pradeau Etienne, chanoine

Leclerc de Fleurigny Henri, chanoine

Verani de Varenne Claude, prieur de St Taurin

Tous habitent dans l’île (le prieuré s’y installant vers 1600), autour de l’église, chacun d’entre eux dans une maison particulière. À leurs offices sont attachées des charges, les prébendes10, qui leur assurent des revenus.

Lors des guerres de religion, la collégiale est détruite en 156211, les chanoines tués ou enfuis.

Après celles-ci les chanoines sont rétablis dans l’île St Taurin :

« … habitations fort modestes, composées de deux chambres avec cabinet en appentis, couvertes à tuiles, construites en bois et en torchis, entourées d’un jardin et la façade tournée vers l’église, point central de cette petite chartreuse12 … »

De toutes ces maisons, à part le Prieuré, il ne reste plus trace. Seul demeure le souvenir de leur emplacement16 décrit par l’Abbé Bommer. Après consultation de différentes cartes du cadastre, on peut raisonnablement les situer ainsi :

Extrait du cadastre napoléonien avec les anciennes maisons des chanoines indiquées d’après les éléments historiques laissés par l’abbé Bommer

Malgré la reconstruction de la collégiale par le Maréchal d’Estampes et l’adjonction de la chapelle, le collège de chanoines, comme le village, perd peu à peu de son importance et les chanoines sont de moins en moins nombreux.

Claude Verani de Varenne en sera le dernier prieur, au moment de l’extinction du chapitre le 13 janvier 174213.

En 1790, à la Révolution, le prieuré devient un bien national (patrimoine immobilier et mobilier confisqué au clergé et aux émigrés). D’acheteur en acheteur, il est propriété de M. des Coudrées (propriétaire du château du Chesne) qui en fait don14 à la paroisse en 1863 et devient presbytère.

Le bombardement de Michenon (atelier de chargement de Salbris) en 1944 occasionne de très gros dégâts au prieuré, Augustin Segret (curé du village), mort en 1949 est le dernier ecclésiastique au presbytère.

Malgré plusieurs changements dans son orientation, ce bâtiment du 18ème siècle est aujourd’hui à peu près tel que nous le décrit Bernard Edeine, ethnologue de la Sologne15.

Et après bien des vicissitudes, le prieuré, témoin d’une très longue histoire, reste à l’instar du château et de la chapelle l’un des monuments remarquables de notre village.


1 Guérin Brot Isabelle, A propos de la fondation de la collégiale de la Ferté Imbault , bulletin trimestriel du GRAHS, tome 18, n°2 ; p 68
2 Ecclésiastiques vivant « dans le siècle », c’est à dire au milieu des laïcs.
3 Bommer Jean-Léon, Histoire de la collégiale, châtellenie et baronnie de La Ferté Imbault, Editions association Les Lanturelus, 2013 ; p11
4 Espouy Jean & Gilberte Schaeffer Jean, Chapelle Notre-Dame du rosaire de St Taurin, commune et office de tourisme de La Ferté Imbault, 1997 ; p2
5 Bellevue Xavier (de), Généalogie de la maison Fournier actuellement représentée par les Fournier de Bellevûe, Rennes, Francis Simon (imp), 1909 ; p 37
6 Bellevue Xavier (de), Généalogie de la maison Fournier … op.cit ; p 42
7 Simon Pierre (imp), Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France, tome 09, Paris, 1721 ; p 40
8 Epitaphe de Pierre Colas
9 Godard Denys, Histoire de la commune de 1850 à 1900 [en ligne], disponible sur le site de la commune St Laurent
10 Part de biens prélevée sur les revenus d’une église et attribuée à un clerc pour sa subsistance et en compensation du ministère accompli.
11 Bommer Jean-Léon, Histoire de la collégiale, châtellenie et baronnie de La Ferté Imbault, op.cit ; p 8 Editions association Les Lanturelus, 2013
12 Registre des délibérations du Conseil de fabrique La Ferté Imbault
13 Bommer Jean-Léon, Histoire de la collégiale, châtellenie et baronnie de La Ferté Imbault, op.cit ; p 12 Editions association Les Lanturelus, 2013
14 Registre des délibérations du Conseil de fabrique la Ferté Imbault  B 63
15 Edeine Bernard La Sologne, Photo n° 128 tome I
Photo : Prieuré, façade postérieure, base Mérimée © Inventaire général
Maisons des chanoines : Les Lanturelus

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