Les Lée-Kirby-Howarth

Ailliam Lée, un riche anglais originaire de Leeds dans le Yorkshire, achète à la comtesse de Grandeffe la terre et le château de La Ferté-Imbault en 1824. Il s’y installe avec ses neveu et nièce, Edward et Mary Ann Howarth.

Physionotrace de William Lée
Physionotrace de William Lée

La propriété s’étend alors sur 4000 hectares et est composée du château, de nombreuses fermes, métairies et moulins. Agronome averti, William Lée y développe des formes d’agriculture plus modernes et plus à même de tirer profit du sol pauvre de la Sologne. Dans cette même optique, il fait construire une ferme modèle, la ferme de Bel-Air qui est rapidement dénommée « le ferme anglaise ».

Ces innovations heurtent les Fertois qui pratiquent une agriculture plus traditionnelle. D’un autre coté, ils jalousent les rendements de celui qui est appelé avec mépris « l’Anglais ». Pendant les troubles qui suivent les Trois Glorieuses, c’est d’ailleurs cette production jugée anormale qui justifie une descente au château où l’on pense que le grain est gardé en quantité. Pour se prémunir de nouveaux problèmes avec les habitants, William Lée fait venir les gendarmes au village. Il profite de leur présence pour faire détruire les anciennes halles, restées en indivision entre le château et le village.

Cette destruction, ainsi que les récits des travaux qu’il fait réaliser au château, ne jouent pas en faveur de cette famille étrangère qui est de surcroît protestante. Leur présence gène même l’Église qui y voit un danger car en l’absence de paroisse, un certain nombre de Fertois semble se tourner vers la religion réformée. En 1841, le diocèse de Blois établit une paroisse avec pour siège l’ancienne collégiale Saint-Taurin.
William Lée décède en 1853 et la terre de La Ferté-Imbault est partagée entre ses héritiers : Edward  Howarth qui est achète le tout récent château de la Place (ou de la Sauldre) construit en 1855 et Mary-Ann Howarth qui épouse le pasteur Robert Kirby et occupe le château avec leurs nombreux enfants.

Les Kirby-Howarth sont toujours en opposition avec le village qui s’est désormais trouvé un véritable meneur en la personne de l’abbé Bommer, curé du village depuis 1841. Si il arrive quelques fois que le couple Kirby et ce dernier s’entendent sur des points comme le secours à apporter aux indigents du village, les Anglais de La Ferté trouvent ici un adversaire redoutable qui n’hésite pas à les critiquer et contrarier ouvertement.

Après l’indépendance de La Ferté-Imbault en 1860, les affaires laissées en suspens par l’ancienne municipalité sont reprises. Le château est désavoué dans l’affaire du chemin de Preuillard qui devient municipal, il conserve toutefois la propriété des champs de foires. Ces dernières doivent désormais se tenir place de Champ-noir (mairie actuelle).

En 1868, commence la construction de la nouvelle église Saint-Taurin juste en face du château. L’emplacement a été choisi en raison de sa proximité avec le centre-bourg (la collégiale Saint-Taurin est considérée comme trop éloignée) mais il est probable que l’installation d’un lieu de culte catholique devant la demeure d’un prêtre anglican a également eu son importance.

Après la guerre de 1870, la famille demande réparation pour des dommages occasionnés au château. Les réponses des gouvernements français et anglais sont négatives, les Français ne voulant pas aider des étrangers et les Anglais ne s’intéressant guère au sort d’expatriés. La position des ressortissants anglais est une nouvelle fois inconfortable.

Mary-Ann Howarth-Kirby décède en 1868 et sa fille, héritière du domaine, en 1871. Robert Kirby se retire à Tours où il devient pasteur de l’église anglicane. La terre de La Ferté-Imbault est finalement vendue en 1873 à Charles-Auguste Fresson, qui en devient le châtelain. 4 ans plus tard, la famille se sépare du château de la Place. Ne reste plus que la propriété des Jumeaux où décède en 1916 Robert William Kirby, dernier représentant de cette présence anglaise à La Ferté-Imbault. La famille Lée-Kirby-Howarth y est restée 92 ans.

Certaines informations sont issues de l’exposition « Regards sur La Ferté » : voir les sources.